Idées reçues sur la cigarette
Idées reçues sur le tabac : VRAI ou FAUX
Fumer c'est convivial : L'apéro sans cigarette, ce n'est pas très joyeux … C'est une idée comme une autre C'est assez généralement à l'adolescence, pour « faire comme les autres », c'est-à-dire s'intégrer à un groupe social, où l'on a parfois du mal à à nouer des contacts. La cigarette est alors un facteur de socialisation, ça « brise la glace ».
Notre cerveau va faire un raccourci entre cette impression agréable et le tabac. Il s'agit d'une construction mentale, qui perdure, et qui pourtant ne repose sur rien de réel.
N'avez-vous jamais participé à un évènement au cours duquel nous n'aviez pas fumé (parce que c'était interdit ou pour respecter le désir d'une autre personne…), N'était-ce pas convivial ?..
Fumer me donne de l'énergie : Avez-vous déjà bu un peu d'alcool pour vous donner « un coup de fouet », il s'agit d'un effet de boost très éphémère. Sur le plan physiologique, il y a en effet une accélération du métabolisme, puis très rapidement une dépression des effets, et une consommation accrue d'énergie pour rétablir l'équilibre. Il se passe la même chose avec la cigarette. Il s'agit d'un psychotrope, un stimulant. Puis une chute de cet effet, avec très souvent une fatigue consécutive. La plupart des fumeurs la compense en fumant davantage.
Je fume pour me donner de la motivation : Le tabac étant un psychotrope, il a en effet une action sur le système nerveux. La cigarette agit alors comme un placébo, effet qui n'est plus à démontrer dans le domaine de la médecine. Au fil du temps, cette impression devient une certitude, et le fumeur est (et reste) persuadé de ce pouvoir… Dans le tabagisme trois composantes : chimique, comportementale et psychologique.
La part chimique
Les idées véhiculées sur les effets de ces produits sur l'organisme, les effets sur la santé.
Fumer me tue : Que ce soit du tabac, de vieillesse, d'accident, de maladies chroniques ou aigue, un être humain mourra… la cigarette est un accélérateur de mort. La bonne nouvelle, c'est que lorsque l'on redevient non-fumeur, le corps se régénère
Il faut bien mourir de quelque chose : Peut-être avez-vous des enfants, des neveux et nièces, ou dans votre entourage, des amis qui ont eux-mêmes une progéniture, et dont la sécurité vous concerne. Alors imaginez un instant ces deux situations :
- Le petit Raphaël, 4 ans et demi, vient avec à la main un sachet en plastique transparent, aux couleurs vives, contenant de drôles de boules blanches. Le sachet est ouvert, le petit garçon tient dans l'autre main une de ces boules ressemblant à un gros bonbon à la menthe. Il s'apprête à le porter à sa bouche. Un doute vous étreint. Vous lui ôtez des mains le sachet et le bonbon. L'odeur vous parait bizarre. Le paquet est en fait un sac de boules antimite ! Le petit garçon aurait pu ingérer ce poison qui provoque une grave anémie hémolytique, maladie qui entraîne une destruction anormale des globules rouges.
- Léa, 17 ans veut se confier à vous, elle est très sollicitée à la sortie de son lycée par de petits dealers de quartier, qui lui proposent de l'héroïne, elle a déjà fumé de l'herbe dans des soirées, a trouvé ça agréable, et se demande si elle doit essayer l'héro, après tout il faut faire des expériences quand on est jeune… Quelle pourrait être votre réaction ? Je l'ignore. Pour ma part, j'entamerai un dialogue avec elle, en lui expliquant, sans faire un lénifiant cours magistral, les différences majeures entre ces deux drogues, et la dépendance très importante que provoque l'héroïne. En adulte responsable, il est clair que je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour préserver sa santé. Pas vous ? Il paraît logique que face à un être humain de son entourage proche qui va ingérer volontairement ou accidentellement un poison, un autre être humain aura une réaction de protection, n'est-ce pas ? A ce propos, savez-vous qu'il y a du naphtalène, dans une cigarette ? Oui, c'est le produit qu'on trouve dans les boules antimites !
Savez-vous que le tabac contient aussi des métaux lourds, du formol, de benzène, du plomb, du mercure, et j'en passe... sachez qu'il y a dans une cigarette à peu près 4000 produits chimiques dont 93 sont directement cancérigènes.
J'ai déjà des problèmes de santé : fumer potentialise les effets d'autres maladies, c'est un facteur aggravant. La bonne nouvelle, c'est que cet effet potentialisateur cesse lorsque que l'on est sevré.
J'aime fumer quand je suis détendu : De nombreuses personnes fument « pour se détendre quand elles sont stressées » & « lorsqu'elles sont détendues » ! C'est comme si l'on attendait d'un même produit qu'il agisse de deux façons opposées. La nicotine ne calme pas et si vous l'utilisez lorsque vous êtes déjà relaxé, vous ne le restez sans doute pas longtemps… La nicotine ne provoque pas d'addiction. De plus, le dosage en nicotine des patches dépasse bien souvent celui des cigarettes fumées par le consommateur. Cela provoque l'effet inverse à celui attendu. De nombreux fumeurs qui tentent cette expérience se retrouvent plus stressés que lorsqu'ils fument. La nicotine est un stresseur, ne l'oublions pas !
J'ai peur d'avoir faim si j'arrête de fumer : Cette affirmation repose sur l'idée que la cigarette est un coupe-faim. La cigarette fait produire de la salive et des sécrétions organiques digestives (car la fumée est souvent « avalée » par l'œsophage, ce qui explique que les fumeurs peuvent aussi déclarer des cancers digestifs). Cela augmente la présence de liquide dans l'estomac. Il suffit alors de boire davantage d'eau pour pallier à ce phénomène. De plus, comme nous l'évoquons plus loin, la nicotine active des récepteurs en lien avec la régulation de l'appétit. Cet effet disparait en quelques semaines après le sevrage.
J'ai peur de prendre du poids si j'arrête : Pourquoi placer cette peur dans la catégorie « chimique » plutôt que dans « psychologique » ? Parce qu'il s'agit bien là de chimie. Il y a du sucre dans les cigarettes. En fonction des marques, entre 8 et 12%. Il est présent naturellement dans la plante, et le mode de séchage moderne fait augmenter ce taux artificiellement. De plus, sont ajoutés de nombreux additifs, des exhausteurs de goût, du miel, des adoucissants. C'est donc naturellement que des fumeurs « en manque de sucre de la cigarette » vont compenser par de la nourriture sucrée (même des personnes qui d'habitude préfèrent la nourriture salée), entretenant ce phénomène, et provoquant en effet une prise de poids. La bonne nouvelle, c'est qu'informé de cela, un fumeur aura plus de pouvoir, ne compensera pas et ne reprendra pas de poids.
J'ai peur pour la santé de mon entourage (enfants, conjoint…) : Mon entourage souffre du tabagisme passif. Des êtres humains qui n'ont jamais fumé de leur vie peuvent mourir d'un cancer du fumeur (et même des animaux domestiques) ! Le tabagisme passif résulte de l'inhalation involontaire de la fumée dégagée par la combustion de cigarettes ou cigares (courant secondaire, dans le cendrier par exemple), ou rejetée par un ou plusieurs fumeurs (courant tertiaire). La fumée de tabac ambiante respirée par une personne exposée au tabagisme passif est un mélange de fumée du courant secondaire (environ 80 %) et de fumée du courant tertiaire. La fumée de cigarettes respirée directement par le fumeur (courant primaire), si elle contient approximativement la même concentration de nicotine, a une composition très différente de celle qui s'échappe latéralement de la cigarette (courant secondaire) car la combustion très incomplète, à plus basse température, contient trois fois plus de CO (toxique), sept fois plus de benzène, soixante-dix fois plus de nitrosamines et cent fois plus d'ammoniac (irritants) que la fumée primaire ou de celle rejetée par le fumeur (courant tertiaire). D'après l'Organisation Mondiale de la Santé, le tabagisme passif est responsable de 600 000 décès par an dans le monde, dont on estime que 28 % sont des enfants.
J'ai peur pour ma santé : Mon médecin m'a dit que je risquais des problèmes si je continue à fumer La peur est une stratégie de survie, elle est nécessaire pour nous rendre attentif aux dangers éventuels. On ne compte d'ailleurs plus le nombre de personnes qui sont devenues non-fumeuses à la suite d'un choc (deuil d'un proche…), ou d'une situation dangereuse (accident de la route...). C'est une prise de conscience brutale que la vie est fragile et qu'il faut la préserver. La bonne nouvelle, c'est que lorsque l'on cesse d'être exposé à un danger, la peur n'est plus nécessaire…
J'ai un problème de santé lié au tabac, et je risque de mourir : Cela conduit même certains malades à fumer encore plus comme pour défier la mort, dans un comportement désespéré. De nombreux progrès ont été accomplis par la médecine, notamment en oncologie. De plus en plus cancers ont aujourd'hui un pronostic favorable, repoussant les chances de survie de plus en plus loin. L'arrêt du tabac augmente ces chances.
Je crois que je suis accro à la nicotine : Nous l'avons déjà évoqué, on sait aujourd'hui que la nicotine ne provoque pas d'addiction.
Je dors mal et je crois que ça vient du tabac : La cigarette contient un alcaloïde, la nicotine. On peut revenir sur le fait qu'il s'agit d'un psychotrope. On peut ajouter que le tabac agit comme le café, c'est un psychostimulant. Les fumeurs qui consomment juste avant d'aller dormir ont très souvent des difficultés d'endormissement. La bonne nouvelle, c'est que l'arrêt du tabac améliore considérablement la qualité du sommeil.
Je fume pour me détendre quand je suis stressé : « La cigarette, ça me calme - Quand je fume, je me détends » : Parmi les pouvoirs magiques que les fumeurs attribuent à leur cigarette, il y a celui de détendre ! S'il est bien une idée erronée, c'est celle-ci. La cigarette ne détend absolument pas ! La nicotine est un puissant stimulant, un excitant (un pesticide), un psychotrope qui provoque une augmentation des pulsations cardiaques.
Fumer crée du stress ! Rien dans la cigarette ne favorise la détente.
Les fumeurs sont, de fait, des personnes plus stressées, plus anxieuses que des non-fumeurs… parce qu'ils fument. Ce n'est pas parce que vous êtes stressé que vous fumez, c'est parce que vous fumez que vous êtes stressé !
Pourtant, il y a une réalité dans l'idée que lorsque l'on fume, on a l'impression de se détendre. Mais cela n'est pas dû à la cigarette : D'abord, il y a cette pensée véhiculée par Big Tobacco, dans les arguments publicitaires, que fumer, « c'est cool », que l'on prend des attitudes, des poses.
Il s'agit là d'associer dans l'esprit des fumeurs des images de détente, de moment pour soi, de convivialité, de séduction… et quand on croit se détendre, alors ça devient vrai ! Ensuite, il y a le fait que l'on fume surtout dans des moments où l'on cesse son activité, pour faire une pause, un peu à l'écart.
De fait, lorsque l'on cesse temporairement une activité physique ou intellectuelle soutenue… on se détend, mais ce n'est pas grâce à la cigarette. Et enfin, il y a la respiration. Ne vous est-il jamais arrivé de dire à quelqu'un que vous voyez énervé : « Respire un bon coup, ça va te calmer. » ?
On connait depuis des millénaires l'effet apaisant d'une respiration profonde sur l'organisme. Eh bien quand vous fumez, vous respirez différemment de la respiration automatique, car vous prenez de grandes inspirations pour inhaler, et cela mobilise votre diaphragme, libérant de la sérotonine, hormone de bien-être… La bonne nouvelle, c'est qu'un tout nouveau non-fumeur n'aura pas besoin de se priver de pause, ni de convivialité. Il lui suffira de conserver ces moments, en respirant profondément « comme quand il fumait » pour avoir les mêmes effets de détente… sans la cigarette…
Je peux rester sans fumer quand je suis dans un train ou un avion / Je reste sans fumer quand je suis au cinéma : Je suis capable de rester sans fumer quand je suis sur mon lieu de travail.
La plupart des fumeurs peuvent en effet rester plusieurs heures d'affilée sans fumer, coincés dans un avion ou un train, ou même simplement sur leur lieu de travail, en étant capables de résister, par force, à la tentation d'allumer une cigarette.
Dans le meilleur des cas, ils sont mêmes capables de se « programmer » pour ne pas avoir envie de fumer. Le cerveau possède en effet cet extraordinaire pouvoir de créer en nous une réalité, lorsque la motivation est suffisamment forte ou quand les contraintes l'exigent.
Je prends un contraceptif oral (la pilule) et je sais qu'associer à la cigarette, cela favorise l'apparition de maladies : Oui, l'association tabac et pilule œstroprogestative multiplie par 20 le risque de maladie cardio-vasculaire. Les œstrogènes épaississent le sang, et le tabac fragilise les vaisseaux sanguins. De plus, elle provoque une diminution de la fertilité, chez la femme comme chez l'homme. L'association des deux produits favorise chez les femmes l'apparition de cancers du sein et de l'utérus, augmente les risques d'ostéoporose…
Je souhaite récupérer du goût / Je veux retrouver mon odorat : Les goudrons, nous l'avons déjà évoqué, engorgent les cellules, celles du nez, de la langue entre autres. Fumer altère en effet la perception des saveurs et des odeurs.
Je suis souvent fatigué / J'ai besoin de retrouver de l'énergie : Imaginez : Vous mangez des fruits de mer dans un restaurant. Quelques heures après, vous vous sentez mal, vous avez des nausées, vous finissez par vomir quelque chose que vous n'avez pas digéré. Que s'est-il passé ? Vous avez probablement ingéré un aliment pas assez frais, contenant des toxines. Ces toxines ont été reconnues par votre organisme comme impropres, un danger pour votre santé. Votre corps, sans que vous vous en doutiez, a mis en œuvre des mesures de protection qui ont pour but de vous débarrasser de ce qui vous empoisonne, provoquant donc, par les vomissements, l'expulsion du poison.
Cela nécessite, vous vous en doutez, pas mal d'énergie. D'ailleurs, si vous en avez déjà fait l'expérience, vous pouvez vous souvenir qu'ensuite on se sent fatigué.
Ce principe est valable quel que soit le poison que l'on ingère. Le corps mobilise des forces de survie pour se libérer des toxines étrangères. Or il s'avère qu'un fumeur ingère de façon massive une grande quantité de poisons. Et pour se libérer de ces toxiques de la cigarette, l'organisme d'un fumeur utilise de la même façon beaucoup d'énergie. Il est donc logique qu'un fumeur soit une personne plus fatiguée qu'un non-fumeur. La bonne nouvelle, c'est qu'à partir du moment où l'on cesse de fumer, on récupère cette énergie.
Je suis tout le temps essoufflé : C'est vrai, fumer a une incidence sur la respiration. Fumer encombre les poumons, les bronches, la trachée, la gorge, de goudrons, provoquant de l'emphysème, de l'asthme parfois de façon chronique, des bronchites à répétition, des maux de gorge.
La capacité pulmonaire est considérablement altérée par le tabagisme. Cela rend les échanges gazeux plus difficiles au niveau des alvéoles. Le sang est mal oxygéné. Le cœur peine à faire son travail correctement. L'insuffisance cardiaque est un corolaire fréquent des problèmes pulmonaires liés au tabac. D'ailleurs les troubles cardio-vasculaires d'origine tabagique sont plus fréquents que les troubles respiratoires, mais ils sont comptabilisés parmi beaucoup d'autres maladies, et ne sont pas clairement identifiés comme consécutifs au tabagisme. Il est donc normal d'être essoufflé lorsque l'on fume. C'est le résultat de l'encombrement bronchique par les goudrons et de l'épuisement cardiaque. La bonne nouvelle, c'est que les poumons ont une très bonne capacité de régénération cellulaire. A moins d'en être à un stade avancé de maladie respiratoire, une personne qui arrête le tabac récupère sa capacité pulmonaire en quelques années.
Je tousse beaucoup et cela m'inquiète : La toux est un mécanisme de nettoyage bronchique. Beaucoup de personnes qui fument toussent au réveil, car la nuit les goudrons inhalés dans la journée précédente stagnent dans les poumons, du fait d'une activité physique très faible. Au matin, donc, lorsque le corps se remet en route, le réflexe d'expectoration joue son rôle. Il est donc normal de tousser quand on est fumeur. Il ne faut pas pour autant en minimiser les dangers. Une toux qui se chronicise est un signal d'alarme. Cela signifie que l'on a dépassé la cote d'alerte. Une personne qui arrête de fumer peut avoir davantage de toux les premières semaines, cela est normal, les poumons cherchant à se libérer des goudrons. C'est une des raisons pour lesquelles il est important de boire abondamment de l'eau, en période de sevrage, pour fluidifier d'éventuelles sécrétions et rendre cette expectoration moins inconfortable. La bonne nouvelle, c'est que la toux cesse lorsque les bronches sont nettoyées.
Je veux me libérer de cette addiction : On attribue beaucoup de pouvoirs à la nicotine. Mais des études récentes montrent que la nicotine ne rend pas addict. Il suffit d'ailleurs pour s'en convaincre d'observer qu'il n'existe pas de trafic de nicotine, comme cela est le cas pour d'autres substances toxiques comme l'héroïne ou la cocaïne. Si la nicotine rendait dépendant, il y a bien longtemps que les narcotrafiquants auraient mis la main sur un marché aussi lucratif, et que l'on se l'injecterait dans les veines plutôt que de risquer des cancers pulmonaires. (Attention : si la dose de nicotine contenue dans d'une cigarette était directement injectée c'est la paralysie ou la mort : nicotine 7 X plus fort que l'arsenic)
Allons plus loin dans cette exploration, afin de tordre le cou à cette idée reçue. Si vous êtes fumeur, il y a plus de 95% de chances que vous ne vous leviez pas la nuit pour fumer, n'est-ce pas ? Et si c'est le cas, il y a autant de chance pour que vous soyez réveillé par une autre cause (insomnie, besoin naturel) et que lorsque vous êtes réveillé, vous en profitez pour allumer une cigarette. La plupart des fumeurs est capable de rester dans un endroit public (magasin, administration, train, avion, cinéma) pendant plusieurs heures et de différer des envies de fumer, n'est-ce pas ? Ce n'est pas le cas d'une personne véritablement « accro » à une substance, ou alors au prix d'une grande souffrance. Alors, pensez-vous encore être « addict » ? La bonne nouvelle, c'est que la nicotine disparait très rapidement de l'organisme.
Pour moi, la cigarette appelle l'alcool : La nicotine active la sécrétion de dopamine, hormone qui permet de ressentir du plaisir (circuit de la récompense). L'alcool aussi. Les deux substances consommées ensemble agissent en potentialisant leurs effets, renforçant mutuellement leur appétence. De plus, la consommation de tabac diminue les effets euphorisants de l'alcool. Une étude américaine a montré que les consommateurs de tabac ont besoin d'une quantité d'alcool plus importante pour avoir les effets recherchés. Il ne s'agit donc pas seulement d'un problème comportemental. La mauvaise nouvelle, c'est qu'à long terme l'association alcool et tabac potentialise également les risques sur la santé.
La part comportementale & psychologique
On considère ici tous les actes, décisions, comportements, ressentis, habitudes, les dépenses… en lien avec la cigarette. C'est un des éléments sur lesquels le fumeur aura le plus de pouvoir. En déjouant les croyances liées aux comportements tabagiques, il verra plus clair dans le brouillard pour se libérer. Chacune des affirmations suivantes aborde un sujet en lien avec la composante chimique, soit pour desserrer un frein à votre réussite, soit pour renforcer votre motivation. J'ai beaucoup d'amis fumeurs et j'ai peur de les perdre si j'arrête Qu'est-ce que c'est que cette idée ? J'ai souvent entendu cette phrase dans mon cabinet.
L'idée qu'un changement dans les habitudes tabagiques doit forcément induire un changement total de vie. En effet, il y a de quoi faire reculer n'importe quel volontaire. Non, ce n'est pas parce qu'on devient non-fumeur que l'on doit se priver de tout ce qui fait le plaisir de la vie. La convivialité n'est pas dépendante de la cigarette.
Et si vous pensez que vos amis qui restent fumeurs vont vous rejeter parce que vous n'êtes plus « comme eux », soit il s'agit d'une croyance erronée, soit vos amis ne vous méritent pas !
J'ai déjà essayé et j'ai toujours échoué : Combien de fois avez-vous essayé de faire des pas, lorsque vous étiez petit, et que vous appreniez à marcher ? Vous ne vous en souvenez sans doute pas. Pourtant, vous avez essayé, essayé, encore et encore, tombant de nombreuses fois et vous relevant toujours. Avez-vous renoncé ? Non, car si vous l'aviez fait, aujourd'hui, vous ne marcheriez pas aussi facilement que vous pouvez le faire… Parfois, il est nécessaire, lorsque l'on est dans cette exigence de réussite, d'assouplir ses critères, pour considérer que chaque tentative nous rapproche de la victoire.
J'ai du plaisir à fumer : Si l'on vous disait : 5 minutes de plaisir par jour vous apportent à coup sûr une maladie mortelle, quelle que soit la nature du plaisir, quelle pourrait être votre réaction ?
Si je fais une moyenne des réponses obtenues à cette question : « Combien de cigarettes fumez-vous uniquement par plaisir, dans une journée, sur la totalité fumée ? », il en résulte une fourchette entre 1 et 7 sur une consommation quotidienne allant de 10 à 40 cigarettes. Autrement dit, le plaisir de fumer se résume à 5 à 35 minutes par vingt-quatre heures. Il est vrai que les cigarettes les plus difficiles à éliminer sont celles fumées par plaisir. Toutes les autres sont seulement des cigarettes « habitude » qui n'ont d'autre cause qu'être générées par des comportements automatiques. La bonne nouvelle, c'est qu'en estimant combien de cigarettes vous fumez uniquement par plaisir, vous en éliminez d'emblée 83 à 90%, toutes celles qui sont « faciles » à supprimer.
J'aime fumer : Si vous êtes dans ce cas-là, vous devez évaluer si cet amour du tabac est plus important que les risques liés au tabagisme. Il n'y a que vous qui puissiez répondre à ce dilemme. Il y a un moyen de le faire d'une façon la moins subjective possible. C'est de détailler le plus possible ce que vous aimez plus précisément dans l'acte de fumer. Est-ce le goût ? Le fait de sentir la fumée dans la bouche, les poumons ? Les effets de la cigarette sur le cerveau ? La gestuelle ? Les rituels ? La convivialité ? La solitude ? Le moment de pause ? La détente ? Autre chose encore ? En ayant une vision moins « englobante » du plaisir lié à votre comportement, vous aurez plus de pouvoir dessus.
J'ai peur de m'ennuyer si j'arrête / Je fume quand je m'ennuie : Nous sommes-là dans une peur liée à la fois au comportement et à l'émotionnel. Il s'agit ici de l'ennui lié à la gestuelle.
Tenir une cigarette occupe les mains, donne une occupation. Certains fumeurs pensent que s'ils n'ont plus cette gestuelle, ils ne sauront plus quoi faire. Examinons de plus près ce que fait un fumeur qui fume. Il a une cigarette à la main, la porte à la bouche, tapote la cigarette pour faire tomber la cendre. Et quoi d'autre ? Eh bien, les possibilités sont grandes : il prend un café ; il discute avec d'autres personnes ; il conduit ; il lit ; il écrit ; il regarde la télé ; il mange ; il boit ; il se repose ; il réfléchit ; il rêve ; il travaille ; il téléphone ; il dessine…
Bref, un fumeur qui fume fait forcément autre chose en fumant. Il est très rare qu'un fumeur ne fasse que fumer et rien d'autre… Donc un fumeur qui ne fume plus va continuer à faire ce qu'il faisait… sans cigarette, et ne s'ennuiera plus ! Cette peur comportementale n'a donc pas lieu d'être.
Je déteste sentir le tabac froid : pour un non-fumeur, l'odeur du tabac froid est assez souvent source de désagrément. Cependant des fumeurs plus sensibles ont effectivement une perception des effluves qu'ils transportent avec eux, et de celles de leurs cendriers.
Je fume toujours après un bon repas : Imaginez que vous dégustez un excellent plat préparé par le chef d'un restaurant étoilé. Puis qu'en fin de repas, ce chef vienne vous proposer un digestif, pour terminer en beauté et faire ressortir le goût de cette merveilleuse nourriture.
Vous acceptez d'autant plus volontiers qu'il est offert par la maison. Avec un cérémonial empreint de gestes précautionneux, on vous montre un magnifique flacon contenant un liquide ambré, on place un verre en cristal devant vous, on y verse quelques centilitres du nectar promis.
Avec componction, l'air d'un connaisseur, vous faites tourner le liquide pour admirer sa robe, vous portez le verre aux lèvres, vous en prenez en bouche une gorgée que vous gardez sur la langue pour la laisser s'épanouir sur toutes vos papilles… et que vous recrachez aussitôt parce qu'il s'agit d'antigel de voiture ! (composant de la cigarette)
Comment penser que le tabac, ce poison, peut conclure un bon repas ?! Pourquoi gâcher le bonheur d'une nourriture savoureuse par des 111 additifs chimiques qui ne donnent que l'illusion d'un goût agréable ! A vous de voir…
J'en ai assez de courir au bureau de tabac dès que je n'ai plus de cigarettes : Je ne veux plus me sentir angoissé(e) à l'idée d'être à court de cigarettes…
Il est vrai que la vie d'un fumeur n'est pas forcément simple ! De nombreuses personnes que j'ai accompagnées mettent en avant cet argument comme une source de motivation supplémentaire.
Être fumeur nécessite une organisation, car le manque psychologique peut avoir des conséquences importantes. Un fumeur insuffisamment prévoyant peut se retrouver dans une situation de stress s'il n'a plus de cigarettes un dimanche soir à 21h30, et que tous les bureaux de tabac sont fermés.
La « projection », c'est-à-dire l'anticipation de la pénurie de cigarettes provoque une peur du manque. Cette peur génératrice d'anxiété aura un impact physiologique. Comme le fumeur pense généralement que la cigarette le calme, le fait de ne pas en disposer majorera son ressenti, ce qui confirmera la croyance du manque.
C'est ainsi que l'on crée soi-même son inconfort. Un fumeur est donc assez souvent une personne qui organise sa vie, ses horaires, ses déplacements et même ses loisirs en fonction de son tabagisme. La bonne nouvelle, c'est que la vie d'un non-fumeur est beaucoup plus simple, et qu'une personne qui cesse de fumer retrouve de la liberté dans son quotidien.
J'en ai assez de financer l'état avec les taxes de mes cigarettes : Il s'agit-là d'une source de motivation qui va au-delà de l'aspect financier des dépenses de cigarettes.
Comme nous l'avons déjà évoqué, les taxes sur le tabac en France sont parmi les plus élevées d'Europe (80% du prix du paquet part à l'état : d'où le fait qu'il n'ait aucune envie que vous arrêtiez de fumer).
Je n'ai pas de volonté : J'entends très souvent cette réponse quand je demande à mes consultants ce qui d'après eux les ont empêché d'arrêter de fumer, jusque-là. Si vous êtes dans ce cas-là, lisez ce qui suit.
Vous levez-vous le matin ? Vous accomplissez sans aucun doute
plein de choses dans une journée que vous n'avez pas très envie de faire…
n'est-ce pas ? Si la réponse est oui, alors vous avez de la volonté. La
question n'est donc pas de savoir si vous avez ou non de la volonté. C'est
plutôt de vous demander si vous voulez mettre votre volonté au service de votre
réussite de sevrage ? Se dire :
« Je manque de volonté », c'est se déresponsabiliser.
En cas d'échec, on peut toujours de défausser sur ce « manque ». C'est une solution de facilité ! La volonté, quoi qu'on en dise, est essentielle dans cette réussite. Aucune méthode de sevrage n'est magique.
S'il n'y a pas au départ une volonté, une motivation importante, alors elles seront forcément moins efficaces. Il arrive fréquemment que des personnes me demandent de l'aide alors qu'elles n'ont aucune envie d'arrêter, mais que leur médecin leur dit que ce serait mieux pour elles. Elles s'attendent qu'avec l'hypnothérapie, je leur donne un coup de baguette magique et que je les débarrasse de leur problème. Cela ne fonctionne pas ainsi.
La seule façon d'arrêter de fumer, c'est d'arrêter de fumer. ! Il suffit de prendre la décision. Ensuite on se met en marche pour trouver des appuis dans son entourage, de l'aide chez des spécialistes…
Je ne remarque même plus quand je fume, c'est tout à fait automatique : Il est assez fréquent que l'on fume sans y penser. Cela ne répond bien souvent à aucun besoin chimique. C'est simplement une habitude tellement ancrée, qu'elle est générée automatiquement. Si vous êtes dans ce cas, c'est une bonne nouvelle, car une habitude peut être changée facilement quand on en prend conscience. Il faut un peu de volonté au début, et très vite de nouvelles habitudes s'installent, et s'automatisent en à peu près trois semaines.
Je ne sais pas ce que le tabac m'apporte / J'ignore pourquoi je fume : Vous vous reconnaissez dans cette affirmation ? Alors, pourquoi fumez-vous ?
Vous savez, les fumeurs ne sont pas moins intelligents que les non-fumeurs. Il y a forcément un bénéfice à fumer. Si vous ne savez pas… vous finirez bien par trouver une affirmation qui vous correspond. Si vous n'en trouvez aucune, c'est que vous pouvez arrêter immédiatement, c'est une excellente nouvelle ! Sinon, en identifiant ce qui vous pousse à fumer, vous aurez plus de compréhension, et donc plus de pouvoir sur vous-même.
Je veux améliorer mes performances sportives : L'arrêt du tabac est en effet un gage d'amélioration de performances sportives. Le tabac fragilise les vaisseaux sanguins, encrasse les poumons, altère les bronches et les échanges gazeux, cyanose la plupart de nos cellules, y compris celles des muscles, diminue l'efficacité du cœur, et tant d'autres choses encore… Lorsque le corps se débarrasse du tabac, il s'oxygène mieux et fonctionne mieux, de fait.
Je veux faire un enfant : La cigarette altère la fertilité, à la fois pour l'homme qui produit moins de spermatozoïdes et de moins bonne qualité, et pour la femme qui diminue également sa production d'ovocytes. Une femme enceinte fumeuse court pour elle-même plus de risques (fausses-couche, saignements vaginaux…) et surtout le fœtus est la première victime du tabagisme de sa mère. Malformations, rupture placentaire, mauvais positionnement du bébé, retard de croissance in-utéro, risques de complications à l'accouchement… Le bébé une fois né n'est pas pour autant exempt de tout risque. La nicotine passe la barrière placentaire pendant la grossesse. Il aura aussi plus de risques d'avoir des troubles respiratoires (asthme), et des allergies. La bonne nouvelle, c'est que l'effet nocif sur la fertilité diminue après l'arrêt du tabac.
Je veux refaire du sport : En faisant ou refaisant du sport, on permet à l'organisme de produire des hormones comme les endorphines (morphines naturelles) et cela a une action bénéfique sur l'humeur.
Je veux voir grandir mes enfants (ou mes petits-enfants) : un fumeur a une espérance de vie diminuée par rapport à un non-fumeur. « L'Institut scientifique de santé publique belge a récemment réalisé une étude sur plus de 30 000 fumeurs. Si l'on croit ses résultats, sur la base d'une espérance de vie à 30 ans, les fumeurs vivraient en moyenne huit ans de moins. Un homme perdrait 7,87 ans contre 8,17 pour une femme.
Par ailleurs, l'étude considère les fumeurs âgés de 30 ans ou plus comme des "fumeurs à vie", la probabilité de commencer à fumer après 30 ans étant très faible.
De plus, petit à petit, le système artérioveineux se bouche et atteint les membres inférieurs, d'où la difficulté « à se lever ». Donc tout mouvement devient plus difficile, voire douloureux. Mais les fumeurs ne perçoivent que le risque mortel. Cette étude met en évidence que fumer tue plus précocement, et que la vie des fumeurs est en moyenne aussi plus invalidante. La bonne nouvelle, c'est que les effets délétères régressent dès l'arrêt du tabac.
La cigarette me dégoûte : Il est assez fréquent qu'un fumeur ne prenne aucun plaisir à fumer. Pour de nombreuses raisons, le tabac n'apporte plus rien au fumeur, mais l'habitude est installée. Il peut paraitre difficile de se défaire d'une habitude. Dans ce cas-là, le dégoût (émotion qui est une stratégie de survie) intervient comme un message d'alerte pour protéger la personne d'un éventuel empoisonnement.
Une habitude acquise devient comme un automatisme et nous laisse croire qu'elle ne peut pas être changée. On ne la remet pas en cause, même si elle ne fait plus sens pour nous. La bonne nouvelle, c'est qu'une nouvelle habitude s'installe en la pratiquant consciemment au début puis finit par s'automatiser au bout de 3 ou 4 semaines. Nous devons donc utiliser notre volonté pour changer cette habitude, en la remplaçant par une autre plus saine pour nous, comme boire quelques gorgées d'eau au lieu de prendre une cigarette, ou respirer profondément… Il y a bien des moyens d'obtenir autrement les effets que nous croyions obtenir grâce aux cigarettes.
Mes enfants veulent que j'arrête pour ne plus sentir mauvais le tabac froid : On me dit que j'ai mauvaise haleine Il faut reconnaitre que les non-fumeurs savent détecter les fumeurs C'est encore plus vrai pour les enfants qui sont généralement assez sensibles aux odeurs. Un fumeur sent le tabac froid, la fumée, a une haleine chargée de relents tabagiques. Les personnes qui fument sont imprégnés de cette odeur. Les fumeurs ne le remarquent pas la plupart du temps et pensent que les non-fumeurs exagèrent ou déforment cet aspect-là. Il y a une raison à cela. Les capteurs olfacto-gustatifs des fumeurs sont tapissés de goudrons, et leur acuité s'en trouve très diminuée. Ils sont donc moins sensibles aux odeurs qu'ils produisent. La bonne nouvelle, c'est que l'odorat et le goût d'une personne sevrée s'améliorent très rapidement. Dès les premières heures suivant l'arrêt, les facultés olfactives et gustatives s'améliorent.